Cinq sens

Nous sommes nombreux à nous demander comment faire pour que les changements dans notre société adviennent afin de lutter et nous adapter aux changements environnementaux en cours.

Pour ma part je pense qu’il y a quelque chose à faire avec le fait de mettre plus de sensible dans nos vies. Qui n’a jamais eu l’impression de n’être qu’un cerveau une journée entière : branché à l’écran de l’ordinateur, parlant par visio interposée, discutant par tchat interposé, travaillant par mails interposés ?

Est-ce que faire vibrer davantage nos cinq sens ne nous aiderait pas à avoir plus régulièrement conscience de faire partie du vivant et d’être un élément de la nature ? Et est-ce que cette conscience ne serait pas une clé d’entrée à l’évidence absolue que nous devons vivre en préservant cette nature dont nous faisons partie.

Vous en êtes où, vous, avec vos cinq sens ?

En ce qui me concerne, je me reconnecte à mes sens quand je suis en pleine nature bien sûr, mais aussi grâce à l’art qui, je trouve, est un moyen extraordinaire pour nous rappeler à nos sensations quand on vit dans un environnement urbain où la nature est trop petite et policée pour nous rappeler comme le monde est grand hors de nos villes.

Nous sommes nombreux à ne pas pouvoir nous immerger dans la nature au quotidien, à ne pas avoir cette dernière à l’esprit en permanence entour’é’s que nous sommes de nous-mêmes, dans nos activités et nos constructions. Et cette tendance s’accentuera car de plus en plus l’humanité vivra en ville, et de grandes villes, dont il deviendra de plus en plus long de sortir. Alors par tous les moyens, nous devons garder contact avec le vivant, le faire entrer entre nos murs, et l’art est, je pense, un moyen, parmi d’autres.

Les arts visuels nous font voir la beauté, l’étrangeté, le mystérieux. Ils permettent de sublimer les lignes des paysages, les lumières du ciel et de la terre, les mille et unes couleurs des plantes et des animaux. Ils provoquent souvent un temps d’arrêt pour regarder d’un œil étonné et attentif ce qu’on ne voyait plus. Ce sens de la vue, éreinté par notre société de l’image, redevient au travers des œuvres une compétence essentielle pour s’émerveiller.

La musique, elle, nous rappelle à quel point notre ouïe nous connecte au vivant. Lorsque le silence crée un sentiment d’insécurité, lorsque le bruit des villes crée une sensation d’inconfort, la musique nous enveloppe et nous rassure. On se sent bien dans la musique. Comme on se sent bien en écoutant les gouttes de pluies qui tapent sur les pierres, le vent qui fait bruisser les feuillages, les oiseaux qui chantent ou la mer qui embrasse la plage. On ferme les yeux et on se laisse emporter dans un univers auditif où chaque son nous dit que la vie pulse autour de nous.

Pour l’odorat et le goût, je citerais les arts de la table qui transcendent les odeurs de terre, de mer, de végétaux et les goûts infinis de tout ce qui se mange. Pour ma part, lorsque je goûte un plat dont les saveurs sont subtilement entremêlées par un artiste de la cuisine, l’intellect s’arrête, c’est le corps qui vibre, qui retrouve une connexion animale avec ce qu’il mange. Qui n’a jamais écarquillé ou fermé les yeux, poussé un petit cri ou un soupir en mangeant ou buvant quelque chose ? On s’oublie, on est juste là , dans la sensation de la nature qui nous nourrit. Les saveurs, les odeurs, ce sont des ressentis qui transportent au cœur des plantes, des épices et des fleurs, au contact de la terre, des minéraux et de la mer, au plus intime des animaux et des éléments.

Quant au toucher, je ne connais pas d’art qui fasse passerelle vers ce que nous ressentons lorsque nous caressons l’écorce d’un arbre, marchons pieds nus dans le sable, sentons le vent glisser sur notre peau, partageons la chaleur d’un animal. Il faudrait que l’on puisse toucher les installations, caresser les sculptures. C’est parfois le cas, mais ce n’est pas très répandu.

Alors pour une conscience plus élargie du monde vivant, entourons-nous d’art et de culture. Mettons-en dans les bureaux et dans les rues, dans les écoles et dans les hôpitaux, dans les sites industriels et les transports. Partout où la fonctionnalité et la rationalité sont reines, ajoutons du sensible non pas pour distraire, mais pour rester vivants.

A bientôt.

Lucile 

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