Vous connaissez Maillols, l’architecte ? Il a laissé son empreinte dans mon quartier, à Rennes. Le quartier de Bourg-L’Evêque juste à l’Ouest de l’hypercentre. Sur moins d’un kilomètre de long les immeubles qui portent sa signature se succèdent.
Ce quartier était un faubourg de l’ancienne ville de Rennes. Un faubourg pauvre et insalubre. Alors quand après les bombardements de la seconde guerre mondiale, il a fallu reconstruire la ville, le quartier a fait l’objet d’une grande opération d’urbanisme.
On a rasé les taudis, déplacé les usines et reconstruit en cherchant l’espace, la verdure et la lumière dans des immeubles que l’on souhaitait modernes sans hésiter à contraster avec le centre ancien aux rues étroites juste à côté.
Le maire de l’époque, Henri Fréville, a à ce moment là fait confiance à un homme pour penser ce quartier : George Maillols.
Il y a conçu des immeubles d’habitations aux géométries étonnantes au service de leurs résidents : les appartements devaient être spacieux et lumineux, avec des vues larges sur le paysage urbain.
Ces principes fonctionnels en permanence à l’esprit, il ne s’est imposé ensuite aucune norme et a su penser hors cadre. Il est monté en hauteur quand l’espace s’est restreint, il a enjambé des routes quand il fallait conserver des accès, il a créé des façades en quinconce pour que chaque balcon soit sans vis-à-vis, il a conçu des appartement transversaux pour que la lumière entre partout.
On admire aujourd’hui son audace, sa capacité à mettre au service de ses idées les techniques constructives nouvelles. On peut aussi admirer son sens de l’humain, car si ses façades géométriques sont photogéniques, il ne les a pas créées pour se faire plaisir, il les a imaginées pour que les habitants s’y sentent bien. Et on ne se sent pas bien que dans un appartement bien pensé et fonctionnel, mais aussi dans un espace que l’on trouve beau, qui nous interpelle et qui a une identité.
Chacun de ses immeubles est unique et a une forme différente. A l’échelle du quartier, Maillols n’a pas cherché la beauté classique de l’uniformité et, on peut trouver ses constructions incohérentes et disposées ici et là sans réflexions. Mais sous un autre angle, on peut aussi trouver ces variations très naturelles, comme des plantes de diverses tailles, et formes qui se tournent différemment vers le soleil en fonction de l’espace dont elles disposent.
Dans la période mouvementée que nous vivons, je trouve particulièrement actuels les principes mais aussi les contraintes qui ont guidés George Maillols et Henri Fréville : offrir au plus grand nombre des logements beaux, agréables, en recherchant un bien-être urbain à travers une harmonie entre la topographie et l’architecture.
Évidemment cette harmonie est subjective et trouve ses références dans une époque très différente de celle d’aujourd’hui. Mais j’ai le sentiment que cette subjectivité est reléguée au second plan par la très forte identité des bâtiments. C’est une identité qui signe le quartier, qui signe la ville, et les gens qui habitent dans ces immeubles en sont souvent conscients et fiers.
Nous avons besoin de ce genre de grands marqueurs pour faire société. Nous avons besoin de ces éclats d’audace et de créativité qui nous disent qui nous sommes. Ce n’est pas facile d’ouvrir ces portes-là : il faut de la confiance, en soi, en les autres, en l’avenir. Et la période actuelle pleine d’inquiétudes y est forcément moins propice que celle des 30 glorieuses. Mais à l’heure où l’on doit se réinventer, je me dis que c’est justement le moment de libérer nos pensées, pour créer des idées nouvelles.
A bientôt.
Lucile
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